Surnommé "le prince de la vielle". Gaston appris très jeune la vielle avec Gilbert MALOCHET et le père de Jules AUBOUET. Surdoué, maitrisant à la perfection, tant les airs, que l'instrument, il pouvait tout se permettre. Ses accompagnements étaient très élaborés pour l'époque, jouant également à l'harmonie municipale du Châtelet, il formait avec son frère Lucien, un formidable duo. Professeur de vielle, il forma de nombreux élèves et accompagna les vedettes de l'époque, Jean Louis BONCOEUR, Jacques MARTEL, André VERSCHUREN...entre autre.
société philharmonique du Châtelet en Berry (Cher)
Je remercie au passage, Monsieur & Madame SOUCHKOFF (Jeanine GUILLEMAIN, petite fille de Gaston), qui m'a fait l'honneur de me téléphoner. Je les remercie également pour les documents photographiques envoyés.
En 1952, lors de son concert en duo avec Gaston Guillemain à Paris, en mairie du XIIIe arrondissement, Jean-Claude a été baptisé le plus jeune joueur de vielle. Il n'avait que 8 ans et son maître 73 ans. En novembre, il vient de fêter ses soixante ans de vielle au Châtelet. Soixante ans consacrés à la musique, la tradition et la transmission.
Jean-Claude Laporte est né au Châtelet, dans la maison qu'il est revenu habiter aujourd'hui, rue Nationale. En face, dans le café autrefois tenu par ses parents, le jeune Jean-Claude a d'abord
cassé les oreilles familiales et celles des clients en jouant du tambour. Celui de Gaston Guillemain « Je prenais les baguettes que 'Tonton Gaston laissait à ma portée, pendant qu'il
buvait un coup avec les copains, après avoir rempli son rôle de tambour de ville au carrefour de la Croix-Blanche. Un jour, il m'a dit, je vais t'apprendre à jouer de la vielle ». Voici
comment Jean-Claude, âgé de 6 ans, est devenu le dernier élève de Gaston Guillemain, vielleux de légende en Boischaut-sud. « Mais avec lui je n'ai pas appris des airs traditionnels, ou peu,
juste une valse saccadée et une bourrée. Il m'apprenait avant tout des chansons en vogue à l'époque comme 'Rossignol de mes amours ou 'La valse brune. Des airs de musette, des morceaux que l'on
allait, plus tard, jouer dans les fêtes de village, de quartier et les soirées. Je ne possédais pas d'instrument. J'allais jouer chez lui.
Puis, par l'intermédiaire des parents de Michèle Fromenteau, mes parents m'ont acheté une vielle Cailhe-Decante. Je l'ai toujours. Ce sont mes petites-filles qui jouent dessus. Elle possède une caisse de dimension plus réduite qui convient bien à la taille d'un enfant. » Très vite donc, Gaston et Jean-Claude, liés d'une affection que renforçait leur goût commun pour la musique, se produisent en duo.
En 1952, Jean-Claude et Gaston jouent à Bué en Sancerrois à la Foire aux sorcières. Pour la première fois, le petit monte sur scène en solo. La même année, ils sont invités par l'Amicale des
Berrichons de Paris, dont Maurice Delors était président. La Radiodiffusion-télévision française, RTF, enregistre cette veillée et sort un 78 tours. Sur ce disque, on entend, entre quelques
craquements, Gaston Guillemain présenter fièrement le jeune Jean-Claude, « l'élève qui dépassera le maître ». Puis la voix fluette mais juste du petit garçon de 8 ans qui annonce
« Je vais vous jouer la marche des Berrichons ». Voilà pourquoi, soixante ans après, « malgré quelques douleurs d'arthrose dans les doigts », Jean-Claude Laporte a voulu
marquer le coup, en souvenir de Gaston Guillemain. Mais surtout « pour jouer tant que l'on peut, car au fond, c'est le principal. On joue et on partage, on rencontre et on échange. Ce fut un
plaisir immense d'avoir autour de moi mes amis musiciens, mes enfants - Olivier à la vielle, Emmanuel à la cornemuse - Amaury Babault, Daniel Langlois, Grégory Jolivet et mes deux petites-filles
qui ont joué leur première bourrée à la vielle sur la scène.»
La Chaînée Castelloise
En 1969, après l'école normale à Bourges puis la faculté de sciences d'Orléans, Jean-Claude est revenu au Châtelet enseigner les mathématiques et les sciences physiques aux collégiens. «Lorsque
Gaston Guillemain décède, à l'hiver 1966, les routes enneigées et impraticables m'empêchent d'assister aux obsèques.» En 1968, alors qu'ils défilent costumés pour une Saint-Blaise, l'idée vient à
Jean-Claude et ses copains de créer un groupe pour valoriser et maintenir les traditions. La Chaînée castelloise est née, dotée d'un nom inspiré du groupe feu la Chaînée du castelet. A la tête de
la troupe pendant vingt-cinq ans, donnant des cours de vielle aux jeunes et des cours de danses traditionnelles, Jean-Claude exporte les traditions berrichonnes jusqu'au Canada, où le groupe se
rend avec La Rabouilleuse, ou en Allemagne, lors de la fête de la bière en 1981. « Nous avons été jusqu'à treize musiciens et cinquante danseurs. » Un temps révolu. « Je suis un
peu déçu que les jeunes n'aient plus envie de jouer de la musique, à la Chaînée comme dans l'Harmonie municipale du Châtelet ». Dans les années 80, le mouvement folk entraîne un regain
d'intérêt pour les musiques traditionnelles. à cette époque, il transmet aussi son savoir et sa passion dans des stages de vielles lors des vacances de Pâques à Sancerre, au sein de la Sabotée,
avec son ami André Dubois.
Débarrassé du costume, en 1999, c'est avec Magali Bordat, dernière de ses élèves à la vielle, Delphine Bordat, flûtiste et violoncelliste, et une violoniste - partie depuis - que Jean-Claude
fonde 'Coup de 4, « du nom d'une technique de touche à la vielle ». Le groupe sillonne les scènes de la région, enregistre deux CD avant de sortir le petit dernier, un double album :
l'un de musique trad, l'autre de bal musette.
« Quelques jours sans vielle, et je suis en manque, avoue-t-il. Un musicien établit un lien avec son instrument, une sorte d'affinité qui n'appartient qu'à eux » avance pudiquement le
musicien que l'on ne verra jamais lire de partition. « J'ai tout dans la tête. L'un de mes regrets est de n'avoir jamais eu l'occasion d'apprendre le solfège. Je compose mais je ne suis pas
capable d'harmoniser une partition. J'aurais aimé pouvoir improviser et jouer du jazz. » Pourtant, cela ne l'a pas empêché, depuis ses 10 ans, de souffler dans la trompette ou dans le
baryton à pistons au sein de l'Harmonie du Châtelet, ni d'écrire à quatre mains une bourrée avec Grégory Jolivet, ni de jouer l'Ave Maria avec Coup de 4 lors d'un mariage.
Ecouter quelques extraits:
A la mémoire du fils de Gaston GUILLEMAIN, Gaston GUILLEMAIN dit Roger, qui fut prisonnier de guerre et détenu au Stalag IX C - Bad Sulza.
Ce document a été transmis par la petite fille de Gaston GUILLEMAIN (vielleux) et fille de Gaston GUILLEMAIN (Roger). Nous la remercions pour ce devoir de mémoire.