Le multiinstrumentiste Laurent TIXIER, lui-même vielleux, a réalisé voici quelques années une analyse sur la vielle à roue en Vendée qui fut publiée aux éditions MODALE.
Durant près de
deux siècles, la Vendée a posé son empreinte sur la vielle. L'originalité de cette tradition musicale tient beaucoup dans la facture de ses instruments, qui pour un certain nombre ont été conçu
dans nos villages par les musiciens eux-mêmes. La forme des vielles, la simplicité, tant au niveau de ses décorations que par son mécanisme, font de nos instruments leurs grandes
particularités.
Se pencher sur l'instrument, c'est bien sûr étudier le répertoire et le style régional, mais c'est surtout transmettre et faire valoir cette tradition musicale qui s'est éteinte avec le premier
quart de notre vingtième siècle.
La vielle
plate
Il y en a surtout dans l'Ouest et le centre-Ouest du département, notamment autour des Sables d'Olonnes. On retrouve soit des spécimens, soit des traces sous la forme de témoignages oraux. Ces
instruments sont nés d'une facture locale, car ici les vielleux fabriquaient eux-mêmes leurs instruments. C'est donc dans ce secteur que nous rencontrons cette lutherie unique en son genre, qui
réalisait de petites vielles plates.
Ces vielles ont les caractéristiques suivantes : - clavier diatonique
Néanmoins, d'après des témoignages, certaines vielles ont été peintes, ou contenaient quelques sculptures. Enfin, il est à noter que pour ce qui est de la sangle, celle-ci se passait sous les cuisses, de façon à maintenir l'instrument sur les genoux.
Quant au répertoire joué, il s'agissait essentiellement de musiques à danser : quadrilles, avant-deux, valses, polkas, mazurkas, scottishs (en trois ou en sept). Elles étaient interprétées par
des couples vielle/violon, ou vielle/clarinette. Les occasions de jouer étaient surtout les veillées, bals, et un peu plus rarement les noces... Pour ce qui est du type de jeu, le fait que la
vielle ait disparu de Vendée depuis le début du XXe siècle ne permet pas de définir un "style vendéen".
Pour terminer, soulignons que l'originalité de ces instruments ne résident pas dans le fait que ce soit les vielleux qui les aient fabriquées (ce principe existe dans bien d'autres régions), mais
plutôt dans leurs conceptions et leurs dimensions.
La vielle
ronde
Il faut remonter en direction du Haut-Bocage, vers le Nord-est du département pour trouver des vielles rondes. Elles sont en général d'importation, soit de l'Allier, soit des Vosges, qui
possédaient d'importants centres de lutherie au XIXe siècle. Ces vielles, souvent de forme ronde ou en forme de bateau, sont d'une facture très soignée. Fort
heureusement, une demi-douzaine de ces instruments est encore préservée dans le pays.
La plus ancienne recensée dans le département date de 1744, et provient de l'atelier parisien du luthier Rouleau. Elle est signée à l'intérieur du couvercle du clavier par ce luthier qui
appartenait à la corporation des maîtres luthiers.
Ces instruments, plus récents, appartenaient à des musiciens professionnels qui animaient bals et noces. Le dernier sonneur de vielle vendéen, né en 1906, a acheté sa vielle à un vielleux
ambulant venant du centre de la France. Cette vielle était de forme ronde.
On peut remarquer que les vielles importées ont davantage touché l'Est du département, que l'Ouest de celui-ci. Bien qu'il n'y ait pas une grande différence entre les habitants de l'Ouest et de
l'Est de la Vendée, il est un fait certain : près de la côte, les vielleux concevaient eux-mêmes leurs instruments, alors que dans le bocage de l'Est, on achetait plus volontiers des instruments
de facture externe au département.
Un magnifique article sur une famille de vielleux vendéens...